Lacet
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LE COEUR A PERDU LA RAISON LE COEUR EST UNE BOMBE A RETARDEMENT. Des textes que je traine derrière moi une autre vie d'espoir et d'autres trucs (tous les textes, brouillons, poèmes, nouvelles sont de moi, plus ou moins vieux)
dimanche 6 mai 2012
à la Prevert, pour Prevert
Lacet
lundi 2 avril 2012
La grande allée pavée d'un soleil encore hivernal,
Bordée d'hautes-herbes et de pierres sans fissures ni pétales
Mon frère, petit, n'avait de cesse de frapper la balle
De cuir cousue d'or, trésor d'enfance inégale.
Les fontaines verdâtres du Parc Monstouris,
Souvenirs colombes tant d'années à mes pieds endormis,
s'envolent en un bruissement d'aile de nacre pâle,
La chaleur douce d'un printemps aux milliers de râles
Lac éteints, canards boiteux, chevaux de bois,
Les hasards malencontreux, les grands tournois,
La chasse et les filles, la cachette au coin du saule-pleureur,
Toujours battu par le vent fort, injuste et railleur.
Nos questions d'enfants, Il est beau, crois-tu vraiment qu'il pleure ?
Tu m'avais dit, oui, mais gare au secret
La mélancolie souvent se pare derrière les plus beaux attraits
Depuis ce jour j'ai une grande peine au coeur,
Pour ces arbres, majestueux mais maudits,
Dont la sève miel est comme mon sang endormi,
Quand je parcours les chemins camels du Parc Monstouris.
Lacet 2/04/2012
dimanche 1 avril 2012
Les reflets pourpre de nos éléphants verts
Le jardin des plantes et ses cailloux sables tout par terre,
Les serres transparentes aux baobabs d'ailleurs,
La chaleur étouffante, parait-il, étouffe les coeurs.
Une boite d'allumettes à éléphants bleus,
Les poèmes de Prevert et tes cils amoureux,
Les machines de fers et leurs rails argentés,
Vrombissement tonerre, ton envolée de pensées.
Une boite d'allumettes à éléphants d'or,
La nuit est claire, je me demande si tu dors,
Paris semble étrangère, étirée dans un long soupir,
Rôde un vagabond autrefois célèbre émir
Aux palais de nacres et autres empires.
Il dessine dans l'air un oiseau puis une croix,
Une dame aux boucles d'argent m'a murmuré l'autre fois,
Que dans le temps ancien, celui qui, comme du granit s'effrite entre les doigts
Son jardin était si beau qu'il faisait pâlir,
Les vendeurs de sabres aux coeurs impénétrables,
les escrocs, les pirates, les vendeurs de saphirs,
les dresseurs de tigres, les cobras noirs d'Afrique.
Peut-être ne sont-ce que des histoires,
Mais dans les nuits sans sommeil il est vrai que j'aime à croire,
Que ce fier en guenille jamais déchiré d'un soupir,
N'est rien d'autres que le plus noble des anciens émirs.
mercredi 16 novembre 2011
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Ode à la beauté, et à toi, que j'ai perdue.
Ode aux oiseaux détrônés, dont le plumage ancien,
est le reflet d'un éclat éteint, disparu.
Le temps, machine fumante, sonore et tordue,
aux engrenages sombres et aux murmures abbatus
dévore tout,
mirez,
du haut de vos globes froids ces vieilles femmes dévêtues,
ces squelettes arpentant les boulevards de guingois,
et nos rêves déchus.
tombant sur le sol, flot misérable, déchet lacrymal,crime absolu,
inondant les avenues.
trop vite passées.
Le reflet de l'inconnu,
dans la grande vitre d' en face;
La boutique de l'Antiquaire,
qui vendait ses oiseaux de bois,
ses bonhommes de fers,
et des vases d'autrefois,
peints de fleurs et de flammes éteintes,
ici et là s'étendait son pâle enfer;
toi, l'inconnu que je n'ai pas retenu, un de ces quatre matins glacé, -c'était peut être hier;
Tu avais, d'un simple regard, compris le drame de l'antiquaire.
Qu'est-tu devenu ? Où t'a porté la vie, et maintenant qu'es-tu ? Un sac d'os toi aussi?
Trainant ta carcasse et fumant dans ton lit?
Qu'importe si le vent t'emportes, mais murmure-moi, doucement, la réponse attendue.
Ne t'en fais pas, je leurs dirais que c'est les étoiles, ou peut être, un être étrange, dans une galaxie perdue;
Tu vois, maintenant on se ressemble, et l'heure douce est venue, de te poser ma question indécente, trop longtemps retenue :
Penses-tu que nous ne serons que des cendres fumantes, éparpillée sur l'océan étendu ? Les vagues répètent leurs danses étranges, dans d'inlassable roulement bleus, étirements cyan, dont la mousse écumante et blanche explose en nuée sur le sable doré, près des petits crabes barbus.
Qui sait ? J'entendrais peut-être ta réponse, dans la dernière heure noire, d'une vie d'escroc biscornu.
Néanmoins, je continue :
ode aux rois disparus,
aux animaux encore sauvages,
aux déchets gris et puants,
qui habitent les rues.
Aux paysages aveuglant,
à la lumière qui tombe, pluie d'or, sur les rebords
de ma fenêtre. L'aube défendue
et prospère, rayons jaunes dans ma poussière.
Ode à la profondeur sonore,
de ces quelques notes, sur ce grand piano noir;
à la beauté d'une guitare aux cordes usées,
noble mais abandonnée. Elle raisonne encore, seule, quand on la frôle,
avec gravité.
ode aux tendres clochards,
qui grelotent par terre,
entre trois canettes de bières,
à leurs gants troués,
leurs sourires d'édentés,
vois-tu sur leurs morceaux de carton,
ils dessinent
les frontières de notre civilisation.
un abîme
profond et sans couleurs
ode aux bars pourpres,
éviscérés de monde,
à ces amis d'un moment seulement,
à ces breuvages alcoolisés,
qui, dit-on, aident à oublier.
Ode à certaines fleurs de la terre,
qui naissent et meurent sans que personne ne les regardent
ode à la chaire de ma chaire,
à mes soeurs et à mes frères,
à ma mère et à mon père,
aux femmes sans vertu,
à ta bouche rouge, inconnue,
à la galaxie interstellaire
à l'humanité, monstrueuse et entière
et à toi, que j'ai perdu.
que trépassent les rêves et les erreurs
de naguerre,
l'amour et la guerre,
le sang et les nuages,
puisque nous ne serons que cendres,
sur ces terres et ces mers sans âges,
il restera nos paysages, peut être, ces quelques
avenues
le soleil brulant, le rire des enfants,
la mer pâle et nue,
la beauté de l'oiseau sauvage,
et les petits crabes barbus.
Ils étaient là avant-nous déjà, au temps des dinosaures. Je te le dis, à toi, si tu l'ignores, cher inconnu, murmure aux quatre coins du petit ciel, la vérité perdue.
Lacet, 3 am, 17 novembre.
samedi 12 novembre 2011
Black Tulip
On s’est tous un peu perdu sur la route, parfois sans étoiles.
Et la tulipe noire, éclose de ta pourpre bouche a déposé le voile :
De l’infinie perte, d’une raison abstraite, folie primaire et déchirante.
La chute d’un oiseau maladroit dont le chant encore aujourd’hui me hante.
Au loin tombaient, uns a uns, les sombres pétales. L’éffondrement d’un empire, dans un cri guttural. Lave en mon âme décharnée, secouée de peur. Dans la nuit sans lumière j’entends encore la clameur. Et je te revois, toi et ton sourire, tes yeux clairs et rieurs, fut un temps ou ma seule lumière était ses deux lacs pâles, dénués de couleurs. On dessinait le monde.
Sache que je ne t’oublierais pas. Malgré la haine, ces trains et ces avions qui déchirent les paysages et le ciel.
la distance sournoise, les mensonges terribles.
Douloureusement, tu es cachée dans mon cœur cet abîme, amie, et personne, jamais, ne t’y trouveras. tulipe noire, histoires d’autrefois.
J’entends la clameur, je perçois les rumeurs. Mains noueuses, virevoltant désarrois. Mais toi, comme moi, peut-être qu’un de ces jours, on sera heureux, en montrant du doigt la beauté, les plumes de l’oiseau, la lumière dorée, l’eau translucide où les vagues s’anéantissent dans un murmure sans âge et sans couleur. Sur le sable, doucement.
La trace légère d’une patte de mouette encrée dans le béton gris, près du port. Et sans faire vraiment de bruits, nos souvenirs qui s’évaporent.
Voyage sans fin, route illuminée. Musique d’un autre monde, basses stellaires et violons enchaînés. Je te souhaite d’être assise au bord de la mer, dans un vieux café, quelque part en Amérique latine, heureuse, dans la lumière et un son de Bossa, je te souhaite les tangos brûlants. Et les rêves d’autrefois. À ton départ, à tes vingt ans. Toi, que je ne reverrais pas.
Lacet 3:31 am november 7, london.
jeudi 9 juin 2011
samedi 28 mai 2011
A nos cadavres invaincus
Les filles se faufilaient chancelante sur la banquette arrière en cuir brun, nous descendions impétueusement des hauteurs et tandis que les montagnes sables s’empourpraient dans la chaleur de l’après midi, le soleil rugissait d’Est en Ouest, imposant son règne brulant et couvrant la plaine d’un habit d’or paisible et tendre, lumineux et reposant où les herbes courtes et sèches bruissent simplement guidées par le vent. Comme les fenêtres étaient ouvertes, certains bras dépassaient, nous nous racontions des histoires et ça riait en se passant la gnole, on descendait les lacets montagneux avec inconscience. Les virages s’enchainaient brutalement tandis que L, du regard, pénétrait l’azur. On apercevait la baie bleue, ça nous régalait mais la chaleur nous agrippait comme une deuxième peau et nous n’avions plus d’eau, il fallait garder un peu d’alcool pour la nuit. Alors, assoiffé nous décidâmes de nous arrêter dès la première bicoque qu’on croiserait. C’était un plateau et l’altitude n’était plus si élevée, il y avait une maison et une grange, un vaste champ de blé des montagnes, assez incroyable. On s’ébrouait à demander de l’eau a un vieux type et y’avait une fille un peu plus loin, dans l’ombre, ça me revient comme un poème.
Le soleil s’éteignait, jetant ces derniers rayons pourpres. Le vent des plaines souffle, elle est debout dans les blés blonds et ses cheveux couleurs souffre se jettent pêlemêle sur son visage. Sous la grange l’ombre fraiche. Elle frémit de nos regards, timide en sa beauté incroyable. Il fallait boire avant de repartir, mais on trainait. Le déluge des nuits incertaines fut oublié dans ces montagnes, on laissait nos frousses de côté, abolissant les frontières incertaines du passé, tandis que la chaleur en nos corps montait, on regardait danser les cadavres habituellement invaincus de nos rêves et déchirement passés, dans un sourire et sans coup de poignard au coeur. Il ferait bientôt nuit et tout était foutrement au poil, mais grillé et montagnes et champs de blés et Thelonious Monk et la fille et la gnole. Bientôt le feu crépiterait on pourrait se serrer et se raconter des histoires, moi je ressassais tous ces trucs sans sens qu’on m’avait dit et qu’on avait fait. Puis l’alcool nous a un peu fait perdre la tête, y’avait une mare d’eau sombre, et des grosses pierre et avec P. on se disait, en les escaladant, que les femmes étaient foutrement belles, et on vacillait, le cœur nous sortait presque de la bouche quand on manquait de se casser la patte, ivre sur les rochers, près de l’eau qui dort et de l’onde qui parfois se ride quand le vent de l’Est souffle.
On arrivait enfin en ville, j’emportais le sourire de la gosse des blés, les piailleurs faisaient du bruit et passaient sans se retourner. C’était une cohorte affamée et brune qui se disputait le monde, qui se disputait le droit de vivre et s’essoufflait dans le désir ravageur de toucher du doigt l’idéal occidental. On nous aurait vendu n’importe quoi. Le monde était une vaste arnaque, qu’on se disait. Enfin, pas le monde, mais plutôt ce qui en sort, tous ces mots et toutes ces images qui te remplissent la tête depuis que t’es tout gosse. tous ces bouquins qui parlent d’amour, de leurs yeux comme les branches d’un ruisseau qui s’unissent pour ne plus se défaire, abolissant dès lors, le reste de l’univers. Arnaque, qu’on vous dit, et ça s’apprend avec la vie. Le mieux, c’était encore de faire comme nous, de ne croire en rien et de barouder. Le pire, c’est que la conception occidentale n’est pas la plus mortelle. Il y a de l’autre côté des mer, précisément là où on était, des affamés, dévorés du sentiment injuste d’être né du mauvais côté, s’abrutissant devant les chaines Européennes ou Américaines, rêvant de tout ce qu’on a, alors que tout ça, c’est qu’un grand bluff intersidéral poussant à la consommation et nous rendant tous insatisfait et foutrement cons, mais de ce côté là de la terre, c’est pire. On sentait une rage intérieure grondante, malsaine. C’était des braves gens pourtant, et gentil, mais malheureux, aussi malheureux qu’on pouvait l’être du côté occidental, d’eternels insatisfait, mais encore plus rongés que nous.
L’alcool et la drogue sont de bons exutoires en ce monde étrange. Pour un moment seulement. Trainer sa carcasse humide sur le sol insalubre. Le bloc gris et carré vomit ses images mouvantes et colorées, qualifiées d’abrutissantes par la majorité, mais que tous regardent sans se lasser, bref la T.V et son bourdonnement sonore aux aurores te file la nausée. L’horizon esquinté, de par ta fenêtre est nacré, morose. Le ciel n’est qu’un long vertige écumant, mouvants nuages blancs. Tu t’endors sur le sol en bois dur, tes paupières s’enlisent et quand tes deux billes s’ouvrent à nouveau, le temps a foutu le camp il fait nuit, il fait bon. Volutes de fumée dans la nuit bleue, clope au bec. Et c’est reparti pour un tour, pour un jour ou pour une nuit de l'absurde. Et le monde, c’est dans nos yeux à tous que tu ruisselles.
12.05.11